Ils sont tellement fondamentaux dans nos vies de tous les jours, qu'on finirait presque par les oublier. Ils se fondent littéralement dans le paysage urbain : aussi essentiels qu'invisibles.
Imaginez ce qui se passerait si nos modestes escalators n'existaient pas. Vous commencerez alors à comprendre à quel point leur rôle est vital car c'est grâce à eux que nous nous déplaçons dans les grandes villes.
« Les villes s'étendent de plus en plus ; y intégrer de nouveaux réseaux de transport requiert de l'espace », nous explique Gesine Junker, Urbaniste en chef de la Société des transports urbains de Londres. « Les nouvelles lignes de transports souterrains sont construites de plus en plus profondément pour éviter les infrastructures existantes telles que les autres lignes de métro, les réseaux d'égouts profonds et les fondations des gratte-ciel. Sinon, il faut les construire en hauteur, comme la ligne de métro Docklands Light Railway de Londres. Dans les deux cas, les escalators jouent un rôle essentiel pour que les voyageurs puissent monter ou descendre.
Il existe d'autres solutions, mais elles s'accompagnent de lourdes contraintes. Si les banlieusards devaient emprunter des escaliers de 100 m de long, ils seraient épuisés avant même d'arriver à leur bureau. Un trottoir roulant incliné ne permet pas de gravir des pentes raides et nécessite beaucoup d'espace.
« Les ascenseurs constituent eux aussi une alternative médiocre », précise Gesine Junker. « Ils perturbent plus la fluidité des déplacements, et sont donc moins attrayants et moins rentables. »
Sascha Brozek, responsable des Grands Projets chez KONE, souligne que les ascenseurs jouent un rôle non négligeable lorsqu'il s'agit d'aider les familles à transporter leur bébé ou de permettre aux personnes handicapées de se déplacer. C'est ainsi que les ascenseurs et les escalators constituent un élément indissociable de l'éco-système des transports.
« Nous voulons éviter que des goulots d'étranglement ne se forment au fil des trajets. Nous devons donc comprendre les divers besoins inhérents aux stratégies de déplacement des usagers aux heures de pointes, et quelles sont les caractéristiques spécifiques à certains bâtiments et infrastructures. »
Une architecture en pleine expansion
Sascha Brozek souligne que non seulement les villes grandissent rapidement, à la verticale, surtout en Asie, mais en plus le nombre de banlieusards effectuant de longs trajets croît également. Les escalators sont donc devenus omniprésents dans les plateformes de transport, telles que les stations de métro et les aéroports qui doivent faire face à un immense afflux de personnes se déplaçant d'un niveau à l'autre.
« Les usagers veulent parvenir à destination et passer d'un mode de transport à un autre sans à-coups », explique Sascha Brozek. « L'aspect sécurité est également très important. Si un escalator est hors service, une station peut se retrouver totalement encombrée ; cela peut entraîner sa fermeture et, par ricochets, affecter l'ensemble du réseau de transport public. »
Étant donné qu'ils sont cruciaux, les escalators doivent pouvoir supporter une utilisation quasi permanente. Le Métro de Londres peut compter sur ses 440 escalators pour transporter 1,37 milliard de personnes chaque année. Dans les stations les plus fréquentées, les escalators sont tout particulièrement sollicités : À la station Waterloo, les appareils transportent près de 12 000 personnes par jour, en moyenne.
D'après les calculs de Sascha Brozek, un escalator se déplaçant à une vitesse de 0,6 mètres par seconde, 24 heures par jour, parcourt chaque année près de 20 000 kilomètres. Ce qui équivaut à quasiment la moitié du périmètre de la Terre.
« On pourrait croire qu'il ne s'agit que de marches en mouvement, mais la technologie sous-jacente est bien plus complexe. Si l'on tient compte des distances parcourues, des performances, des impératifs en matière de sécurité et de fiabilité, on peut considérer que les escalators sont les véritables bêtes de sommes des villes. »
Cependant, les escalators nous ont également permis de modifier nos habitudes en termes de construction d'édifices. Ainsi Gesine Junker mentionne-t-elle, à titre d'exemple, les halls d'entrée à double niveau et des infrastructures hors du commun issues du génie civil, telles que la ligne Jubilé qui a permis d'étendre le métro de Londres.
« Grâce aux escalators, les édifices peuvent être dotés de plusieurs niveaux d'entrée, ce qui optimise cette interface précieuse que constitue le Rez-de-chaussée », précise-t-elle. « On pourrait citer bien d'autres exemples de ce type au sein des quartiers de la City ou de Canary Wharf, à Londres. Les stations de métro contemporaines seraient bien différentes si elles devaient se contenter d'ascenseurs. »
Quand les trajets du quotidien deviennent de véritables spectacles
Grâce aux escalators, des nuées de gens peuvent se déplacer et la construction des bâtiments s'en ressent ; mais ils peuvent jouer un rôle bien plus subtil.
« Les escalators rendent les trajets plus « spectaculaires » : vous pouvez voir où vous allez », explique Gesine Junker. « La disposition des grands magasins repose en grande partie sur ce concept. »
Grâce aux escalators, l'aspect « spectaculaire » des déplacements est intégré de diverses façons. Ainsi, la chaîne de télévision américaine CNN propose aux touristes qui viennent visiter ses studios d'Atlanta d'emprunter le plus long escalator autonome au monde. Les escalators incurvés KONE, uniques au monde, de la salle de concert de l'Elbphilharmonie de Hambourg traversent un tunnel rectangulaire blanc. De part la forme de ces escalators, les visiteurs ne peuvent pas voir où ils vont arriver, ce qui accentue l'effet de surprise quand le panorama sur la ville s'offre soudain à eux.
Où que l'on souhaite construire un escalator, il est essentiel de bien comprendre les exigences spécifiques inhérentes à sa finalité. Sascha Brozek explique que KONE travaille avec les urbanistes et les spécialistes en planification d'infrastructures dès les prémices d'un projet, afin d'acquérir une bonne compréhension des besoins actuels et à venir.
« Lors de la phase de planification, où nous regroupons l'ensemble des compétences adéquates, l'implication et la coopération sont cruciales pour trouver les meilleures solutions possibles.
Publié le 16 mars 2018